A force de courir vers la mer, on finit par se noyer (petit conte d’été)

Imaginez.

Vous êtes sur la plage, d’un sable compact et dur. Vous vous élancez et vous mettez à courir vite vers la mer. Quand vous arrivez dans l’eau, quelques éclaboussures au départ que vous ne remarquez même pas. Puis, vous commencer à ralentir alors que pourtant vous n’avez pas molli. Alors vous essayez de ré-accélérer pour maintenir le rythme, mais plus ça va, et moins ça va. Vous commencez à vous épuiser. Vos belles capacités de sprinteurs semblent envolées. Vos membres ne battent pas la cadence comme d’habitude. Le doute vous prend : avez-vous perdu vos qualités ? Et puis, voilà que vous voyez l’eau arriver près de votre visage. Vous commencez à avoir peur. Vous commencez à boire la tasse, une fois, deux fois. Vous avez peur de vous noyer. Vous essayez de reprendre votre souffle un bon coup, mais c’est pire. Vous voilà submergé. Vous ne savez plus où vous en êtes. La panique vous gagne complètement. Vous vous agitez dans tous les sens… plus pour très longtemps.

Personne ne fait cela me direz vous ?

Et pourtant, cela ressemble beaucoup à des situations où le contexte change par contrainte (bouleversement climatique, réforme territoriale,…) ou par choix (développer l’innovation ou l’intelligence collective au sein d’organisations bureaucratiques). Et où l’on espère performer avec les aptitudes et techniques développées dans un contexte qui a disparu. Combien de professionnels ou d’élus qui répètent les mêmes méthodes, les mêmes discours, qui sont dans le toujours plus vite et plus fort pour compenser la baisse irrémédiable des effets.

Car la solution est bien celle du faire autrement, du changement, qui demande de s’arrêter de courir, de s’acclimater au nouvel environnement (l’eau) tant qu’on a perdu pieds et/ou en exploitant sa technique de course de manière adaptée (battement de jambes pour du surplace), avant de se mettre à nager.

Arrêter de courir pour apprendre à nager.

Une vraie transformation qui s’impose (et ne peut pas être imposée par d’autres) et ne s’improvise pas (et nécessite aussi de développer des capacités d’improvisation).

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